“Monsieur X” de Mathilda May avec Pierre Richard

Pierre Richard endosse le rôle de Monsieur X dans un spectacle conçu pour lui par Mathilda May. Dans la lignée de Buster Keaton ou de Charlie Chaplin, le comédien renoue avec un genre qu’il affectionne particulièrement : le burlesque sans paroles.

Comment est né ce « solo visuel » écrit pour vous par Mathilda May ?
Pierre Richard : Nous ne nous connaissions pas. Je suis allé voir ses deux spectacles et je lui ai dit tout le bien que j’en pensais. Son univers est un peu le mien, évidemment. Peut-être un mois après, elle m’a appelé, nous avons pris un verre ensemble et elle m’a exprimé son envie de faire un spectacle avec moi. Au début, j’ai cru qu’elle voulait m’inclure dans sa compagnie mais elle a précisé que je serais seul en scène dans un spectacle écrit et mis en scène par elle. La dizaine de pages qu’elle m’a fait lire m’ont tout de suite séduit. J’ai dit oui, c’était une évidence.

Qui est ce Monsieur X que vous interprétez ?
P.R. : C’est un personnage qui vit tout seul dans son appartement, une grande pièce où il n’est finalement pas si seul que cela. Il est en contact permanent avec ses objets qui sont des amis ou des ennemis, non pas indomptables mais avec qui il se querelle. Et il est en contact avec le tableau qu’il peint : une dame dans une forêt. Cette dame est au fond sa créature, sa compagne – picturale, certes mais quand même. Le spectacle est ainsi fait des petites choses du quotidien qui prennent parfois tout à coup des envolées complètement surréalistes. On passe souvent de la réalité au rêve.

Comment aborde-t-on un rôle muet ? Est-ce que tout était déjà écrit par Mathilda May ?
P.R. : Oui même si depuis que les répétitions ont commencé, nous ne nous interdisons pas de rebondir sur l’écriture si nous trouvons plus drôle ou plus émouvant. Ce sont les actions qui sont écrites, je n’ai pas à me souvenir du texte mais de ce que je fais et surtout de comment je vais le faire. Cela pose souvent de réels problèmes mais j’ai toujours été beaucoup plus proche de la gestuelle que du texte. Dans mes premiers films, qui étaient burlesques, si j’ai ajouté des paroles, c’est parce que je ne pouvais pas faire au XXe siècle les films muets de Chaplin ou Keaton. Il n’en reste pas moins que j’ai toujours eu tendance à raconter une histoire avec ma propre gestuelle, qui est très personnelle, plutôt qu’avec des dialogues. On peut très bien exprimer les choses avec ses yeux, ses jambes, ses bras, sans avoir à parler. De ce point de vue, nous sommes totalement complémentaires avec Mathilda May.

Est-ce dû à des filiations communes ?
P.R. : Probablement. La première fois que je l’ai rencontrée, après Open Space, elle m’a dit : « Il y a trois personnes qui m’ont inspirée : Chaplin, Tati et vous ! » Le compliment n’était pas mince. Elle a les mêmes inspirations, les mêmes goûts que moi pour le burlesque ou le burlesque poétique.

Propos recueillis par Isabelle Stibbe, Article du Journal La Terrasse

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