Édito de la Directrice, Carole Lorang

Notre saison 19/20 a été brutalement interrompue le 16 mars 2020. Des semaines difficiles ont suivi, sans certitudes sur nos engagements envers notre public, nos artistes et nos partenaires. Malgré l’assurance du respect des règles sanitaires, nous sommes conscients que le retour dans les salles de spectacles n’ira pas de soi. Mais les temps que nous vivons nous confirment sur les fondamentaux de notre culture : quoi qu’il arrive, nous aurons toujours besoin de raconter et d’écouter des histoires. Et de les partager avec autrui.

De la première moitié de la saison 19/20, je me suis rappelée beaucoup de moments magiques, des moments d’écoute et d’attention intenses et silencieux à la fois, des moments de joie aussi quand j’ai entendu des fous rires déferler sur la salle. Probablement, c’est le souvenir de ce genre d’expériences éphémères, faites d’un mélange d’émotion esthétique, de réflexions et de rencontres humaines, qui fait que nous éprouverons toujours le besoin de retourner dans les salles de spectacle.

Avant la crise sanitaire, nous avions pratiquement finalisé notre saison 20/21 avec des propositions théâtrales qui favorisent le rire. Un personnage s’est alors imposé, une référence pour de nombreux artistes que nous accueillerons : Buster Keaton. Connu pour sa technique corporelle exceptionnelle, il est associé à un humour décalé, lié à la mise en scène millimétrée d’un monde qui serait devenu fou et jetterait l’Homme, ce souffre-douleur virtuose, cette victime permanente qui pourtant n’abandonne jamais, dans des aventures inouïes.

Nous avons tous besoin à la fois de rire et de pleurer sur notre sort. Nous sommes des êtres tragicomiques et les temps difficiles que nous vivons, nous le rappellent. L’œuvre de Buster Keaton nous montre que, dès qu’il est question de la condition humaine, le comique et le tragique se côtoient, qu’ils sont même intimement liés.
Au plaisir de vous (re)voir bientôt.

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