Axe et son théâtre de l’absurde

Agnès Limbos (Gare centrale) vient du théâtre d’objet, Thierry Hellin (Une Compagnie) du théâtre de texte. Dans Axe ils testent sur scène l’alchimie de leurs deux univers.
Leurs réflexions se sont portées, entre autre, sur la notion de sacrifices ou comment certaines personnes deviennent les sacrifiés de multinationales religieuses, économiques ou politiques. Pour répondre à la déraison du monde dans laquelle l’humanité se perd, un homme et une femme entrent en scène. Si la narration se tisse entre les tableaux, c’est sans linéarité et sans logique palpable, à l’instar du théâtre de l’absurde. Quelque part, hors temps, dans un huis clos au décor bourgeois, un couple de décadents s’envoie des dialogues (en français, en anglais, en russe, en sabir…) infinis et sans queue ni tête. Le langage du corps comme celui des mots se décale, hors de notre communication «habituelle», comme un miroir de notre société en perte de sens immédiat.

« Ce sont des dirigeants, peut-être des dictateurs », précise Agnès. « Ils sont complètement paranos, ils ont peur de sortir, peur de ce qui pourrait leur arriver dehors. Peut-être qu’il y a de la neige, ou la guerre, le chaos. Peut-être qu’il n’y a plus rien. Nous avons travaillé sur certaines références historiques, comme Hitler ou le couple Ceausescu. Il est aussi beaucoup question de sacrifice dans le spectacle : l’idée de se sacrifier soi-même ou les autres pour son propre bien-être. C’est une métaphore de notre société : je pense que le rôle du théâtre est de raconter le monde, et l’ampleur du mal-être actuel. »

Propos recueillis par Estelle Spoto dans Le Vif L’Express n°34

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