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veröffentlicht am 29.03.2021
Pas un pour me dire merci suit l’histoire d’une famille – une mère, un père, trois enfants – qui évoluent face aux troubles psychotiques de la mère, ancrés au coeur de leurs vies, sur une durée de quarante ans. Un spectacle s’inspirant de rencontres que la metteuse en scène Renelde Pierlot et l’auteur Jean Bürlesk ont faites avec de nombreuses personnes touchées de près ou de loin par la maladie.
Quelle a été la genèse de ce projet ? Tout est parti d’une idée de l’auteur Jean Bürlesk – son frère, ndlr – qui voulait écrire une pièce de théâtre. Il a fait une demande de bourse pour laquelle il devait trouver l’accompagnement d’un théâtre. Il a donc rencontré Carole Lorang – directrice artistique de l’Escher Theater – qui l’a soutenu dans ce projet. Plus tard, Carole est venue me voir pour me demander si je voulais mettre en scène cette pièce. J’ai hésité, car c’est toujours particulier de travailler avec quelqu’un de sa famille. J’ai finalement accepté, séduite par la qualité de l’écriture de mon frère. De là est née une collaboration artistique fructueuse, rapidement rejointe par Francesco Mormino, qui a également participé à l’écriture de la pièce. L’histoire s’est progressivement centrée autour d’une famille dont la mère est atteinte d’une maladie mentale, qui affecte le cocon familial. C’est une histoire dans laquelle on voit évoluer tous les membres de la famille, chacun grandissant et se construisant autour de la maladie de leur maman.
Qu’en est-il de la partition textuelle à la base de la pièce ? On a rencontré de nombreuses personnes, des associations comme l’AFPL (Association des Familles ayant un proche atteint de Psychose au Luxembourg asbl), Réseau Psy – le Centre KanEl, des membres du service SPAD (Soins psychiatriques à domicile). On a rencontré des psychiatres, des personnes atteintes de psychoses, des parents qui ont des enfants psychotiques, des enfants dont les parents sont psychotiques, … On a récolté de nombreux témoignages et on a écrit ce texte à trois têtes et à quatre mains (celles de Jean et de Francesco Mormino, qui joue dans la pièce).
Comment traduire théâtralement la maladie mentale ? Cette mise en scène s’inscrit dans une tradition importante du théâtre européen, celui-ci étant peuplé de personnages en proie à la folie. (Je pense par exemple aux tragédies grecques, au théâtre shakespearien…). Le défi pour moi était de trouver le juste équilibre entre réalisme et abstraction, le réalisme permettant de faire voir la « folie », et l’abstraction de rendre le sujet plus universel. J’ai cherché à créer des images qui fonctionnent à plusieurs niveaux. La mère porte une robe surdimensionnée qui envahit l’espace commun, donnant au père et aux enfants le sentiment de ne pas avoir de place, d’être pris dans la robe de la mère – et à la mère celui de constamment se faire marcher dessus. Il était important pour moi de ne pas prendre parti pour la perspective de l’un ou de l’autre, mais de laisser de la place au ressenti des différents personnages.
En quoi est-ce important de donner la parole aux personnes connaissant ces souffrances psychiques ? De ces rencontres avec toutes ces personnes, pour moi, cette pièce est devenue une nécessité. La plupart des psychoses se déclenchent à l’adolescence, et malheureusement, on n’en parle peu ou pas dans les écoles et dans les lycées. Une personne sur quatre souffre de troubles mentaux ou neurologiques à un moment ou l’autre de sa vie. Nombreux sont ceux qui ont un lien avec quelqu’un atteint d’une maladie mentale, parfois sans le savoir.
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