« Frusques », une création chorégraphique pour tous.

Après plus d’une cinquantaine de dates aux succès unanimes, la Cie ACT2 pose ses valises pleines de frusques au Théâtre d’Esch pour présenter deux dates d’un spectacle « jeune public » qu’il faudrait appeler un « spectacle pour tous », dans le respect des pensées de la compagnie.

Dans Frusques, le spectateur est face à un monde déserté, où gisent des tas de fringues, fripes, sapes de secondes mains, de « vieux habits », à proprement parler, des frusques, sans aller plus loin. Là, sur une scène bariolée par ces vêtements en tous genres et couleurs, quatre personnages, s’éveillent, comme perdus au milieu de cet amas, dans ce monde qu’il ne semble pas connaitre.
C’est d’un monde révolu dont parle la chorégraphe, prenant ces habits pour symbole de vies éteintes, oubliées ou perdues. Ces morceaux d’intimité – de ce que l’adulte comprendra comme les restes d’une société consommatrice à outrance – deviennent vite des trésors à découvrir, vêtir, vivre, inventer. Petit à petit, en manipulant ces frusques, ce que convoque le quatuor relève d’histoires fantastiques ou rêvées.

Et de vêtement en vêtement s’empilant, de ces frusques s’entassant, les danseurs construisent des univers distincts, formant et déformant l’espace comme un enfant ferait une cabane avec des draps. Mais si le jeu d’enfant domine, pour y imprégner la poésie qui nous fera entrer dans le spectacle, ce sont aussi les maniaqueries des adultes qui s’affirment, celle du rangement, de la hantise du désordre, de l’individualité… Pourtant, toujours, quelqu’un rattrape l’autre à l’invention, et c’est beau, un enchantement, du spectacle « vivant », pour ne pas dire mieux.

En explorant l’enfant et son rapport à l’autre, changeant de par la diversité de nos personnalités, Catherine Dreyfus, par son langage onirique, livre un spectacle aux traits caractéristiques du conte, d’une poésie sublime et dont la morale dépasse largement l’infantile. D’un questionnement sur l’individus, et sa place au sein du collectif, Dreyfus met en scène les aléas de ce fameux « vivre ensemble ». De la scène, par les corps, et via la sagacité visuelle qu’elle fait vivre dans Frusques, la Cie ACT2 invite magnifiquement à questionner notre monde, rappelant aussi la responsabilité particulière qu’il adjoint à l’artiste face aux jeunes spectateurs.

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