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veröffentlicht am 16.01.2025
Le titre de votre spectacle, ANTI, minimaliste s’il en est, ouvre néanmoins un vaste débat et peut avoir de multiples références. Qu’est-ce qu’il signifie dans le cadre de ce projet ?
Brian CA ANTI, pour nous, c’est être contre, c’est dire NON, c’est exprimer un refus. Le spectacle exprime ainsi la relation de l’être humain au pouvoir et aux forces sociétales, politiques qui le forment, qui le déterminent et qui le font avancer sur son chemin personnel. Le spectacle pose la question : de quelles révoltes sommes-nous faits ?
Mikaël Serre ANTI, c’est un spectacle sur la nostalgie du « non ». Enfants, nous nous construisons toujours par l’opposition, par le non. Ou bien l’enfant dit sans cesse non, ou bien ce sont les parents qui le reprennent sans cesse en lui disant non, en lui imposant des interdictions. Aujourd’hui, nous avons de plus en plus de mal à dire « non », à affirmer nos limites, à nous protéger, que ce soit au niveau politique, émotionnel, professionnel. Dire « non » est devenu difficile.
Brian CA ANTI pose aussi la réflexion du « comment contester » et du politiquement correct : jusqu’où peut-on aller, quel degré de violence est justifié dans la contestation et dans le refus.
Mikaël Serre Et ainsi ouvre le débat sur l’art contestataire et sa valeur contemporaine ? Est-ce que le choc recherché par – par exemple – un théâtre dit In-Yer-Face est encore une arme qu’on peut brandir ?
Brian CA Est-ce qu’on montre la violence sur scène ou est-ce qu’on la déconstruit ?
Comment ses réflexions intellectuelles se traduisent-elles ensuite dans le travail chorégraphique, dans le travail avec les danseurs et danseuses ?
Brian CA Il s’agit de mettre en corps la violence du monde, dans un travail chorégraphique charnel, brut. Les états des corps des artistes sont autant de trajectoires, de récits que leurs mouvements racontent. Dans une première partie d’ANTI, les mouvements sont subis, puis, dans la deuxième partie, ils sont choisis, sont volontaires parce que les corps des danseurs et danseuses ont décidé d’« aller contre ».
Mikaël Serre Dans la vie on subit des contraintes sociales, puis, à un moment, quand on y arrive, on s’affirme, on recherche une plus grande liberté ou plus de bien-être. Nous avons fait travailler les artistes sur les écrits de Kathy Acker, Annie Le Brun et Maggie Nelson en s’inspirant des thématiques qui traversent leurs oeuvres : le désir comme force subversive, l’écriture comme acte de résistance, la pensée comme un champ de bataille, et surtout l’art comme moyen de résister, en continuant à poser les questions essentielles.
Brian CA Pour attaquer ce vaste sujet, nous avons par exemple demandé aux danseurs et danseuses de venir en répétition avec des anecdotes et histoires personnelles, sur la violence, de courts épisodes biographiques, vraies ou fausses, d’ailleurs, que nous avons ensuite retravaillé sur base de propositions faites par Mikaël et moi-même, pour créer finalement un portrait plus collectif, plus universel sur les mécanismes de la violence, de l’oppression et de la révolte. Et qui se retrouvent finalement prononcées sur scène.
ANTI est une création chorégraphique de danse-théâtre. Un spectacle qui brasse les genres, basé sur la collaboration d’un chorégraphe, Brian CA, et d’un metteur en scène de théâtre et d’opéra, Mikaël Serre. Comment cette collaboration nourrit-elle le spectacle ?
Brian CA Nous sommes constamment dans un état de recherche. Je travaille le corps, Mikaël travaille en donnant des indications aux danseurs et danseuses, en les plaçant dans des situations théâtrales. Nous avançons dans un état d’instabilité intéressant, où l’un rattrape sans cesse l’autre. Il y a un constant va-et-vient complémentaire entre nous. Et ce processus, qui est marqué par une vraie horizontalité, une déhierarchisation amène le spectacle vers autre chose qu’un simple spectacle de danse ou de théâtre.
Mikaël Serre Nous sommes dans un dialogue, mais qui est très intuitif. Nous sommes attentifs à ce qui fait sens pour l’un et pour l’autre, puis nous conjuguons le travail. C’est un véritable travail à quatre mains. Même si – ou justement parce que – nos temporalités sont différentes. Il y a une immédiateté dans le travail avec les danseurs et danseuses, qu’on ne trouve pas avec le travail avec des comédiens et comédiennes de théâtre, où les choses se construisent dans le temps, dans une alchimie qui ne prend pas tout de suite, qui prend forme plus tard. Le mouvement de la danse donne un appui plus fort. C’est pareil pour la musique : Sylvain Jacques, sur des propositions corporelles de Brian ou thématiques de moi-même, pioche dans son répertoire de sons, textures et matériau sonore, qu’il agence, pour tout de suite faire accompagner les mouvements par quelque chose de sensoriel.
Brian CA Mais ce qu’il nous importe de faire, c’est évidemment de prendre ces réflexions brûlantes et actuelles, et de les transformer en un spectacle qui touche, qui soit vrai et émotionnel.
Propos reccueillis par Ian De Toffoli
En interrogeant les émotions de notre temps, la perte des repères, Brian Ca et Mikaël Serre explorent les gestes explosifs de survie.
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