Les frères Ben Aïm frappent encore au Escher Theater, et frappent fort. Dans ce spectacle plein de rage, d’espoir et de tendresse, 10 danseurs et danseuses s’abandonnent à leur instinct de meute. Une meute à l’énergie contagieuse. Hors d’eux-mêmes, ces êtres se jettent à corps perdu sur le plateau : leurs bras et leurs jambes sont animés de mouvements instinctifs et extatiques. Deviennent-ils des marionnettes étrangères les unes les autres, ou bien quelque chose de vieux comme le monde refait surface, pour les emporter dans un élan collectif humain et réparateur ?
Poil de la bête
Tu sais, les poules et les canards ont le trac, parfois. Le théâtre, c’est leur première fois… Heureusement qu’une chienne de berger, fidèle à son poste, les guide et les rassemble. Sauf que là, au lieu du traditionnel troupeau de moutons, on assiste à un ballet pimpant et tourbillonnant de pattes plumées. Artistes-fermier·ères, Juan et Diane se joignent à cette ronde folle, drôle et acrobatique pour explorer les liens qui nous unissent aux animaux domestiques. Sur la musique d’un pianiste fort à l’improvisation, leurs charmantes bêtes sont les héroïnes d’un monde ébouriffant qui promet son lot de rebondissements… et d’échappées belles !
Yé !
L’eau, la vie et nous. Plus jeunes, ces artistes ont écumé les plages guinéennes pour accomplir leurs premières voltiges. Les 13 membres du collectif Circus Baobab font aujourd’hui assaut de talent et d’invention sur les scènes du monde entier. Portés acrobatiques les propulsant dans les airs, pyramides humaines vertigineuses et corps-à-corps puissants s’enchaînent sur un rythme bouillonnant. Sur un plateau jonché de bouteilles en plastique, ils et elles s’élancent pour évoquer l’urgence sociale et environnementale. Cette troupe trouve son avenir dans le cirque et prouve – forte d’un engagement et d’une solidarité sans faille – qu’il existe un avenir tout court.
Sol Invictus
Et la lumière fut ! Tout un monde est réuni sur le plateau : 15 danseurs et danseuses aux origines variées, auxquel·les Hervé Koubi a demandé – une fois n’est pas coutume – de danser comme si le monde allait cesser d’exister. De cette urgence naît un ballet à l’élan prodigieux et visiblement inépuisable, tant la vigueur des interprètes semble se régénérer à l’infini. Des figures issues du hip-hop, du cirque, de la capoeira ou encore du breakdance se mêlent aux sonorités contemporaines et aux musiques de Steve Reich et de Beethoven. Sol Invictus (« soleil invaincu » en latin) répond au besoin vital, irrépressible et heureux, de danser.
Viertel vor Nacht
Quand vient la nuit, on rêve les paupières fermées… et parfois même ouvertes ! N’est-ce pas ici un tapis multicolore qui danse ? Et là, un petit quelque-chose qui flotte discrètement sur scène ? Qu’est-ce qui se faufile plus loin, timide, mystérieux, rigolo et plein d’entrain ? Avec des trouvailles visuelles et sonores fabuleuses, la compagnie Florschütz & Döhnert jouent avec l’imagination des petites et des grandes personnes. Il suffit parfois d’un morceau de tissu pour faire apparaitre des mondes fascinants. Des mondes entre rêve et réalité dans lesquels des êtres absurdes et étonnants, épris de liberté, sont dotés d’une vie propre jusqu’alors insoupçonnée.
Le dimanche midi, on vous propose un P’tit brunch du théâtre : de quoi boire et manger, avec un atelier ludique pour petits et grands à la clé !
Spectacle 11h ou 15h
Brunch 12h (à réserver via : reservation.theatre@villeesch.lu)
Atelier parent-enfant 13h-14h30
Ima
5 personnages apparaissent sur scène, les visages visiblement marqués par le grand âge. D’abord maladroite et rigide, cette troupe devient explosive et joyeuse quand soudain… les masques tombent, littéralement ! Formée à l’Alvin Ailey American Dance Theater à New York, Sofia Nappi s’inspire de la technique israélienne gaga où, pour que ça danse, l’intensité devient presque animale. L’énergie circule entre les interprètes, passe de l’un·e à l’autre, dans un élan sensuel et intime fondé sur l’écoute instinctive. Présenté à la Biennale de Venise, Ima nous invite au lâcher-prise comme il exprime la douce idée que l’âge, c’est dans la tête !
The Game – Grand Finale
Place au jeu ! Lauréate du Lëtzebuerger Danzpräis, la chorégraphe Jill Crovisier abat toutes ses cartes pour explorer l’intensité, la jouissance et les travers propres au jeu. Au fil de ce spectacle qui verse dans la fantaisie la plus débridée, huit interprètes, aussi excellent·es danseur·euses que bon·nes comédien·nes, font assaut de talent et d’invention. La musique fait monter la température de cette équipée rocambolesque. Sold out aux Théâtres de la Ville de Luxembourg, The Game – Grand Finale offre un moment de plaisir et d’excitation, comme seul le jeu est capable d’en produire.
One Shot
Figure mondiale de la scène hip hop, Ousmane Sy – subitement disparu en 2020 – s’est imprégné de la house dance découverte dans les clubs de New York et de Chicago. Comme Queen Blood ovationné la saison passée au Escher Theater, son ultime spectacle fait danser une équipée exclusivement féminine, propulsée cette fois en direct par les platines d’un DJ. Joueuses et combatives, confondantes de précision, ces femmes se lancent dans d’insolents solos ou font corps toutes ensemble. Avec l’énergie exaltante des « battle », elles créent un espace de fête, d’expression de soi et de partage, dans une furieuse envie de vivre.