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Den Escher Theater well nees politesche Cabaret op der Bün.

E Comptoir, e méi oder manner gutt gelaunte Wiert, an déi ënnerschiddlechst Clienten déi sech iwwer Gott, d’Regierung an d’Welt opreegen – dat alles op der Escher Bün.

„Si mer nach ze retten?“ froen sech de Claude Faber, de Roll Gelhausen, de Francis Kirps, d’Christiane Kremer, de Clod Thomes, de Pit Puth an de Jay Schiltz an dësem labbere Cabaretsowend, an déi Fro geet wäit iwwer de Covid-19 eraus. Si betrëfft déi ganz Mënschheet, déi hir Liewensanerweis an hier Konsumgewunnechte misste radikal veränneren, fir d’Klimakris an de Grëff ze kréien. Si betrëfft eise Mateneen, deen dacks duerch Frust an Abgaascht verpescht gëtt an esou déi fundamental Empathie mam Aneren – dem Frontalier, dem Flüchtlingen, dem Netlëtzebuerger – futti mécht.

D’Direktesch Carole Lorang huet dësem ekleteschen Ensembel vun Auteuren (an enger Autesch) a SchauspillerInnen den Optrag ginn, sech reegelméisseg mat Lëtzebuerg an de Lëtzebuerger ofzeginn. An esou geet et, mat engem Glas Riesling oder engem Béier an der Hand, ëm Klimaplang a Päischtcroisière, politesch Korrektheet an Immigratiounspolitik, em Suffragetten a Majoretten, em gratis Transport, Fridays for future, Logementspräisser a Gaardenhaisercher, Biobuttek a Konsumgesellschaft, Toilettëpabeier an E-Zigaretten. „Si mer nach ze retten?“ froe si. An äntwerten enner aanerem: „Du kanns net dem Thermometer d’Schold gi wann s de Féiwer hues!“

 

Un spectacle de danse explosif et poétique pour ouvrir la saison du Escher Theater.

A ceux qui pensaient le hip-hop comme une mode passagère, appelé à disparaître du paysage chorégraphique dès que les banlieusards auraient rangé leurs cartons, Roots, la récente pièce de Kader Attou, directeur depuis 2008 du Centre chorégraphique national (CCN) de La Rochelle, offre une leçon de ténacité. Et fait le tour de la question. Même dans ses premiers spectacles, plus fragiles, on reconnaissait de suite chez le chorégraphe un sens de la composition et surtout une manière de mettre en relation les danseurs dans un espace de complicité, de recueillement. Les onze qui portent Roots, plus Kader Attou, forment une sorte de chorale d’où émergent des individus, tous aussi intéressants les uns que les autres, car chacun a son style, son physique, ses particularités techniques. Tous, ici, signent leur propre hip-hop et la pièce, pleine de surprises, pourrait s’achever par un free style plus débridé encore. Et sinon, que du bonheur.

Les tableaux astucieusement fabriqués, comme celui d’un radeau de la méduse, qui tiennent parfois sur une jambe, une seule main, sont si élégants qu’ils viennent justement rappeler que le hip-hop n’est pas que question de musculature mais surtout d’équilibre. Tout est raffiné, des touchers à un solo d’ouverture nostalgique dans un fauteuil bancal, d’un morceau de claquettes aérien sur une table à des scorpions tressautants… Les figures de base, que Kader Attou n’a pas fait disparaître de son vocabulaire, mais qu’il lie dans une syntaxe parfaite, retrouvent toute leur vigueur. Roots n’est pas une pièce nostalgique mais une danse pour demain, où les rapports entre hommes (car le spectacle est uniquement masculin) trouvent une nouvelle nature, une façon d’être ensemble sans se faire mal et, si possible, en s’amusant. Le chorégraphe se joue aussi de lui-même en s’autocitant avec beaucoup d’humour. Roots est un vrai show, sans esbroufe. Le public est debout. Pas étonnant que ledit show parte en tournée de 90 dates.

Article de Marie-Christine Vernay, paru dans Libération le 27 septembre 2013

Axe et son théâtre de l’absurde

Agnès Limbos (Gare centrale) vient du théâtre d’objet, Thierry Hellin (Une Compagnie) du théâtre de texte. Dans Axe ils testent sur scène l’alchimie de leurs deux univers.
Leurs réflexions se sont portées, entre autre, sur la notion de sacrifices ou comment certaines personnes deviennent les sacrifiés de multinationales religieuses, économiques ou politiques. Pour répondre à la déraison du monde dans laquelle l’humanité se perd, un homme et une femme entrent en scène. Si la narration se tisse entre les tableaux, c’est sans linéarité et sans logique palpable, à l’instar du théâtre de l’absurde. Quelque part, hors temps, dans un huis clos au décor bourgeois, un couple de décadents s’envoie des dialogues (en français, en anglais, en russe, en sabir…) infinis et sans queue ni tête. Le langage du corps comme celui des mots se décale, hors de notre communication «habituelle», comme un miroir de notre société en perte de sens immédiat.

« Ce sont des dirigeants, peut-être des dictateurs », précise Agnès. « Ils sont complètement paranos, ils ont peur de sortir, peur de ce qui pourrait leur arriver dehors. Peut-être qu’il y a de la neige, ou la guerre, le chaos. Peut-être qu’il n’y a plus rien. Nous avons travaillé sur certaines références historiques, comme Hitler ou le couple Ceausescu. Il est aussi beaucoup question de sacrifice dans le spectacle : l’idée de se sacrifier soi-même ou les autres pour son propre bien-être. C’est une métaphore de notre société : je pense que le rôle du théâtre est de raconter le monde, et l’ampleur du mal-être actuel. »

Propos recueillis par Estelle Spoto dans Le Vif L’Express n°34

« Histoire de la violence », d’après Edouard Louis, adaptation et mise en scène de Laurent Hatat et Emma Gustafsson

Avec Louis Arene (Edouard), Samir M’Kirech (Reda) et Julie Moulier (Clara), Histoire de la violence (Editions du Seuil, 2016) retraverse l’autofiction polyphonique d’Edouard Louis. 

Pour quelles raisons avez-vous porté à la scène Histoire de la violence ?

L.H. : J’ai ce projet en tête quasi depuis la sortie du livre. Je connaissais alors Edouard Louis grâce à Didier Eribon, l’auteur de Retour à Reims. Je l’ai dans un premier temps laissé de côté car je ne savais pas quel langage scénique adopter pour capter toute l’amplitude et la complexité du texte. Avec des scènes de violence comme des boucles répétitives, fragmentaires, le récit provoque une sensation d’effroi. Edouard y raconte sa rencontre un soir de Noël avec Reda, Place de la République. Il le fait monter chez lui, et ce qui a commencé comme une belle histoire se termine par une agression et un viol. Le lendemain ont commencé les difficiles démarches médicales, policières et judiciaires, qui ouvrent des débats à la fois intimes, sociaux et politiques. C’est en compagnie d’Emma Gustafsson, issue de la danse contemporaine et aussi comédienne, que j’ai élaboré l’adaptation. Nous avons façonné un théâtre charnel, où parfois les mots se taisent pour laisser place au mouvement des corps.

Est-on dans un théâtre de l’incarnation ?

L.H. : Pas seulement. Divers modes de jeu s’entrelacent, avec des temporalités différentes, des narrations fragmentées, des ruptures, des moments incarnés, mais aussi réflexifs, lors desquels la pensée se livre, ce qui peut s’avérer tout aussi émouvant qu’une situation jouée. La pièce commence par une mise en abyme, lorsque Edouard derrière une porte écoute sa sœur raconter à son mari le récit qu’il lui a livré la veille, dans sa langue à elle. Nourrie de toutes ces voix, d’approches multiples, de tensions et de failles, la pièce apparaît comme un miroir brisé reflétant les désirs et les violences. »

Propos recueillis par Agnès Santi, Journal La Terrasse

L’Homme à tête de chou : Serge Gainsbourg et Alain Bashung réunis le 3 mars au Escher Theater.

Chez Max coiffeur pour hommes
Où un jour j’entrais comme
Par hasard me faire raser la couenne
Et rafraîchir les douilles
Je tombe sur cette chienne
Shampooineuse
Qui aussitôt m’aveugle par sa beauté païenne
Et ses mains savonneuses
Elle se penche et voilà ses doudounes
Comme deux rahat-loukoums
À la rose qui rebondissent sur ma nuque boum boum
Je pense à la fille du Calife
De la mille et deuxième nuit
Je sens la pointe d’un canif
Me percer le cœur je lui dis
« Petite je te sors ce soir o.k. »
Elle a d’abord un petit rire comme un hoquet
Puis sous le sirocco du séchoir
Dans mes cheveux
La petite garce laisse choir
« Je veux ».

Paroles : Serge Gainsbourg

« La mouche », création du Théâtre des Bouffes du Nord, arrive au Escher Theater

Valérie Lesort et Christian Hecq provoquent le mélange atomique de La Mouche, de George Langelaan, et d’un célèbre épisode de l’émission Strip-tease : téléportation réussie et rire garanti !

De tous les épisodes de la mythique émission de télévision Strip-tease, le plus fameux est « La Soucoupe et le perroquet ». Il raconte les aventures de Jean-Claude, qui construit une soucoupe volante dans son jardin pendant que Suzanne, sa mère, pleure son perroquet mort. Valérie Lesort et Christian Hecq se sont inspirés de ces personnages hauts en couleurs, de leur environnement et de leurs relations pour composer le fond narratif de leur spectacle. On y découvre Odette (toujours géniale Christine Murillo), qui partage sa caravane avec Charlie, la chienne, et vit de la récolte des radis, et Robert, apprenti sorcier foldingue qui met au point, dans le garage transformé en laboratoire, sa machine à téléportation. Malgré quelques égarements spatio-temporels où pointe déjà l’effroi (éventration de Charlie et disparition de la voisine, Marie-Pierre, victime d’une désintégration atomique trop hâtive) les deux premiers tiers du spectacle relèvent d’une farce désopilante et poétique où les trouvailles scéniques rivalisent d’ingéniosité et de cocasserie. Le drame et la gravité viennent après.

Théâtre de rire et d’épouvante
Car Robert, comme le héros de La Mouche, de George Langelaan, découvre trop tard qu’une mouche est entrée avec lui dans la capsule à téléportation et qu’ils ont subi une agglutination moléculaire qui les a confondus en un seul être : Robert est désormais une mouche géante. Comme toutes les mouches, il peut se déplacer sur des surfaces verticales, se nettoyer les yeux avec ses pattes antérieures, il excrète de la salive sur sa nourriture, la prédigère avant de la réabsorber et a un penchant certain pour la charogne décomposée ! Christian Hecq explore avec un éblouissant talent les possibilités de son devenir-insecte et passe avec brio du benêt initial au monstre inquiétant de la fin du spectacle. Prouesse remarquable : l’horreur s’installe progressivement et l’on n’a pas encore tout à fait terminé de rire que l’on commence à frémir de peur. Les comédiens (Christian Hecq, Valérie Lesort, Christine Murillo et Stephan Wojtowicz) sont excellents et réussissent admirablement à faire une tragédie terrifiante de ce qui semblait a priori une farce gore. Valérie Lesort et Christian Hecq transforment brillamment le Grand-Guignol en grand théâtre !

Article de Catherine Robert pour le journal La terrasse

Parole… aux élèves !

Le 2 décembre 2019, trois classes (1TPCM, 2GSO, 2GCG) sont allées voir la pièce « Le courage » au Escher Theater. Le thème était les inégalités, surtout celles entre hommes et femmes, et le courage que nous, les filles, nous devons avoir, parfois, pour nous affirmer.
Il y avait quatre actrices avec des histoires différentes de combat : ainsi, une employée de Nestlé qui s’est battue pour révéler que la multinationale vendait des produits qui avaient causé la mort d’une vingtaine de bébés (histoire vraie) ; une Africaine parlait de la lutte d’un athlète noir pour s’imposer face aux Américains et au racisme en général ; une femme essayait de fuir les violences que lui faisait subir son mari, une autre culpabilisait de son manque de courage devant une agression dont elle avait été le témoin.
Ces histoires étaient vraiment touchantes, et nous ont ouvert les yeux. Nous avons pu nous reconnaître dans certaines situations. Même si les sujets étaient sensibles, tristes et parfois tragiques, il y avait des moments très drôles, provocateurs même, qui nous ont bien fait rire.
Après la pièce, nous avons pu poser des questions au metteur en scène, une femme justement, et aux quatre comédiennes. La conclusion de cet échange, c’est qu’il faut se battre pour s’affirmer, ne pas se laisser manipuler. C’est cela, le courage.

La classe de 2GCG

Au défi de la peur et de la pesanteur

Scala entraîne le spectateur dans une fugue métaphorique, qui prend sens à travers la relation qui se joue entre l’homme et les forces qui le traversent.

TEASER

Ainsi nommé par Yoann Bourgeois parce que le lieu [La Scala à Paris] même l’a inspiré, Scala se déploie dans un dispositif qui reprend le bleu choisi par Richard Peduzzi pour habiller le théâtre. Soit un espace domestique revisité par les surréalistes : des portes à la Magritte – qui grincent -, un escalier central qui s’élance vers l’infini, un lit qui bascule et se redresse, un coin salon avec des tableaux qui ne tiennent pas en place, des chaises et une table qui se déforment et se reforment à l’infini. Mais aussi de chaque côté de l’escalier deux trampolines qui donnent des ailes au mouvement. Sept interprètes – cinq hommes et deux femmes – habitent et parcourent cet espace : avec une fluidité qui ne doit rien au hasard, ils effectuent et répètent mécaniquement quasi les mêmes trajectoires imposées par des réactions en chaîne, soumises à un automatisme qui éclaire autant une impossible issue heureuse que l’entêtement humain à essayer encore et encore. « Essayer. Rater. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux. » disait Samuel Beckett…

Obstination à vivre

Captifs d’un mouvement permanent, d’une partition ponctuée de subtiles variations, ils chutent, se relèvent, disparaissent dans des terriers qui les engloutissent, réapparaissent, se suivent, se dédoublent, s’élancent, s’affaissent… Après Celui qui tombe (2015), qui imposait aux interprètes la contrainte d’un sol perpétuellement mouvant, Yoann Bourgeois poursuit ici sa quête du « point de suspension », d’une théâtralité singulière, à la fois circassienne et chorégraphique, où les « acteurs-vecteurs » sont manipulés et agis par les forces qui les traversent. Les hommes et femmes se confrontent à une somme de machines, qui chacune relie un objet du quotidien à un mécanisme qui détraque habitudes et confort. Yoann Bourgeois relève que la relation entre le corps et les forces physiques qui le contraignent est « une source inépuisable de drame ». Certains moments sont plus évocateurs que d’autres. Parfois l’humour s’en mêle, comme lorsque le balai s’attaque à une multitude de doigts qui sortent de trous. Parfois un changement de costumes nous alerte sur la précarité de l’humanité. C’est surtout dans l’effort et l’insistance de ces êtres assujettis que la pièce, quoiqu’inégale, est touchante. Dans leur obstination à vivre. L’aventure théâtrale des corps en mouvement est un périple mental que chacun appréhende à sa guise…

Article de Agnès Santi pour le journal La Terrasse.
© photo : Géraldine Aresteanu

De la définition (simple) du courage

Cambrioler une banque ne va pas sans danger ni, partant, sans courage. Ce n’est pas moral pour autant, ou du moins il faudrait des circonstances bien particulières (concernant spécialement les motivations de l’acte) pour que cela puisse le devenir. Comme vertu, au contraire, le courage suppose toujours une forme de désintéressement, d’altruisme ou de générosité. Il n’exclut pas, certes, une certaine insensibilité à la peur, voire un certain goût pour elle. Mais il ne les suppose pas nécessairement. Ce courage-là n’est pas l’absence de peur : c’est la capacité de la surmonter, quand elle est là, par une volonté plus forte et plus généreuse. Ce n’est plus (ou plus seulement) physiologie : c’est force d’âme, face au danger. Ce n’est plus une passion : c’est une vertu, et la condition de toutes. Ce n’est plus le courage des durs : c’est le courage des doux, et des héros.
(…)
La peur paralyse, et toute action, même de fuite, s’en arrache quelque peu. Le courage en triomphe, du moins il s’y essaie, et il est courageux déjà d’essayer. Quelle vertu autrement ? Quelle vie autrement ? Quel bonheur autrement ? Un homme à l’âme forte, lit-on chez Spinoza, «s’efforce de bien faire et de se tenir en joie» : confronté aux obstacles, qui sont innombrables, cet effort est le courage même.
(…)
Pour le reste il faut rappeler que le courage n’est pas le plus fort, mais le destin ou, c’est la même chose, le hasard. Le courage même en relève et y reste soumis. Pour tout homme, il y a ce qu’il peut et ce qu’il ne peut pas supporter : qu’il rencontre ou non, avant de mourir, ce qui va le briser, c’est affaire de chance au moins autant que de mérite. Les héros le savent, quand ils sont lucides : c’est ce qui les rend humbles, vis-à-vis d’eux-mêmes, et miséricordieux, vis-à-vis des autres. Toutes les vertus se tiennent, et toutes tiennent au courage.

Source :
Petit traité des grandes vertus
André Comte-Sponville
© Point, 2014

Interview avec Catherine Schaub, metteure en scène de la création du Escher Theater « Le courage »

Catherine, comment as-tu découvert ces quatre autrices ?

Tous les ans en France, la SACD* organise un évènement qui s’intitule « Les intrépides ». La SACD choisit plusieurs autrices et passe une commande pour des textes courts sur une thématique qui change tous les ans. En 2017, la SACD m’a demandé de piloter cet évènement, le thème choisi était « le courage » et j’ai demandé à ces autrices d’écrire des monologues afin que l’on puisse avoir une idée de ce que représente le courage aujourd’hui, du point de vue de ces femmes.

Quatre textes présentant autant de formes de courage : pourquoi, dans le titre, Le courage est-il mis au singulier ?

Parce que c’est un concept universel. Le courage se manifeste de différentes façons mais quel que soit le contexte qui déclenche l’acte de courage, toutes ces situations ont un point commun : le dépassement de soi-même. Le courage permet de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre que la vie nous impose. Jankélévitch dit cette phrase que j’aime beaucoup : « Il faut commencer par le commencement. Et le commencement est le courage ».

Les textes évoquent parfois des situations très difficiles, quelle posture as-tu choisi de prendre pour les aborder ?

L’unité c’est le courage féminin. Comme il y a plusieurs formes de courage, nous les traitons de façons différentes. J’affronte certains sujets de plein fouet, sans artifice, avec toute la gravité et l’émotion nécessaire, d’autres textes sont traités avec légèreté parce que parfois, il est utile de dédramatiser, c’est ça aussi le courage, d’autres passages encore, sont chantés. Quand Gainsbourg écrit Les bleus, la musique permet de mettre une distance avec la violence.

Quelle est ta méthode de travail ?

Je suis percutée par un texte ou je rencontre quelqu’un ou je vois quelque chose qui me choque, m’indigne, me touche.
Mon questionnement sur le courage a été déclenché par la mort de la philosophe Anne Dufourmantelle qui s’est jetée à l’eau pour sauver un enfant en difficulté au large. Elle s’est noyée. Elle avait écrit en 2011 L’éloge du risque et certains ont pris la parole pour dire « qu’elle n’aurait pas dû risquer sa vie », « elle aurait dû penser à ses enfants et ne pas y aller ». Pour certain, c’était un acte irresponsable, pour moi c’était un acte de courage phénoménal. J’ai commencé à me demander « qu’est-ce que le courage aujourd’hui ? »

Ensuite, je glane de l’information, je regarde des documentaires, des interviews, je lis, je cherche à enrichir ma réflexion puis une fois « nourrie », je laisse infuser. À un moment l’idée pointe. Je tire sur le fil et de ces recherches émergent des images, des sons, qui vont prendre forme dans ma tête. Je vais ensuite discuter avec mes collaborateurs : scénographe, éclairagiste, pour inventer, structurer puis construire un univers. Il s’agit ensuite de diriger les comédiens pour qu’ils s’approprient les textes et que leurs corps s’épanouissent dans l’univers proposé.

*Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques

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