Simon Abkarian reprend “Électre des bas-fonds”, les 3 et 4 octobre au Escher Theater

Simon Abkarian reprend sa version d’Electre, créée au Théâtre du Soleil en septembre 2019. Une tragédie de chair et de sang d’une puissance dramatique exceptionnelle, fusionnant jeu, musique, danse et chant. Un spectacle total, porté par une vingtaine d’artistes de haut vol, récompensé par trois Molières et deux Prix du Syndicat de la critique. À ne pas manquer !   

Au Théâtre du Soleil, lieu de merveilles et d’apprentissage qui l’a vu devenir grand artiste sous le regard d’Ariane Mnouchkine, Simon Abkarian présente à nouveau sa flamboyante tragédie de la vengeance, d’une force et d’une beauté sidérantes. Avec d’extraordinaires personnages, et un extraordinaire chœur. Toute de douleur, de misère, de colère, l’Électre de Simon Abkarian (intense Aurore Frémont), princesse devenue servante dans un bordel des bas-fonds d’Argos, aspire à venger son père assassiné par sa mère Clytemnestre et son amant Égysthe. Oreste, le frère d’Électre (Eliot Maurel remplace Assaad Bouab), exilé en fuite qui se déguise en femme, est appelé à contrecœur à accomplir le terrifiant matricide. Mère dévastée, Clytemnestre (sublime Catherine Schaub Abkarian) pleure la mort de sa fille Iphigénie, immolée par son père Agamemnon, héros de guerre. « Là où vit Électre, il n’y a pas de dieux. Il y a la nuit qui n’en finit pas de tomber sur les damnés de ce monde » souligne l’auteur, metteur en scène et comédien. La fable qu’il raconte est une histoire impressionnante de chair et de sang, de souffrances et de vengeances, où comme toujours Simon Abkarian rend justice aux femmes.

Une éblouissante fête de théâtre

Nourrie d’expériences et de science, la langue hardie, limpide, puissante éclaire brillamment les mythes, les meurtres et les malédictions. La scène mobilise ici tous ses moyens pour créer au cœur du tragique une fête de théâtre universelle et intemporelle, en unissant la parole, la musique et la danse, en convoquant les spectres, en accordant une importance majeure au chœur. « Le chœur donne sa puissance aux histoires individuelles. Le chœur est le témoin d’avant le meurtre. Il voit tout en amont. Il flaire le sang à venir, le pressent, l’annonce. C’est le chœur qui fait nôtre le protagoniste. Il en est la matrice » confie Simon Abkarian. Un chœur féminin surtout. Un chœur de celles qu’on ne se soucie jamais d’entendre, de prostituées qui chantent, dansent, racontent leur condition de putains asservies. La danse s’inspire notamment des gestes du Kathakali – on se souvient de la grâce des Kathakali Girls, épopée dansée par Catherine Schaub Abkarian, Annie Rumani et Nathalie Boucher, à nouveau réunies pour Électre. Quant à la musique, les sons rock ou blues du trio Hawlin’ Jaws s’aventurent ici vers des rives inédites. Porté par quatorze comédiennes-danseuses, quatre comédiens-danseurs et trois musiciens, dont Djivan, le fils de Simon, ce spectacle merveilleux emporte et subjugue autant l’esprit que le cœur. Un chef-d’œuvre qui reste en mémoire, dans l’écrin exceptionnel du Théâtre du Soleil.

Agnès Santi, Journal La Terrasse 

Menu d'accessibilité

Taille de police
Zoom