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13 juin 2019 | martinepaul |
190.000. Le nombre de travailleurs frontaliers ne cesse d’affoler des compteurs qui, du reste, n’en ont pas fini de grimper. Réalité statistique retentissante, ce nombre n’en recèle pas moins d’innombrables histoires individuelles méconnues. Partant de témoignages de frontalières, la metteure en scène Sophie Langevin explore les débats intimes, sociaux et politiques que couvre l’ampleur du phénomène au Luxembourg. Ce spectacle tente de comprendre ce que ces personnes vivent et apportent des deux côtés de la frontière, pour occuper un terrain familier au théâtre : rendre leur humanité à des personnes étrangères les unes aux autres.
Retrouvez les artistes à l’issue de la représentation (30′).
Franz Kafka et Édouard Louis réunis. La confrontation des deux hommes n’est pas innocente, tant la portée politique de leurs textes renvoie à une préoccupation primordiale : la liberté illusoire de l’homme marginalisé. Rapport pour une Académie de Kafka met en scène un singe qui, pour échapper au sort réservé à ses congénères primates, est contraint d’assimiler les us et coutumes des hommes. Qui a tué mon père d’Édouard Louis évoque l’amour contrarié d’un homme pour son père, corps usé et emblématique d’une classe ouvrière démunie. Sur scène, un duo d’acteurs porte ces textes pour en extraire une photographie lucide, et urgente, de notre société.
Personnes handicapées, personnes âgées ou encore personnes incarcérées, ces trois groupes appartiennent à des mondes qui ont bien peu en commun mais partagent cependant un même constat : la dépossession de leur sexualité. Partant d’un solide travail de documentation et de collecte de témoignages, Renelde Pierlot imagine un véritable parcours pour le spectateur : un cheminement de trois spectacles, interprétés par des comédiens et des danseurs incarnant ces trois univers. Ici et là, il n’est pas question de s’assoir confortablement dans son fauteuil comme il est d’usage au théâtre, mais plutôt de vivre la promiscuité, de s’approcher au plus près des intimités et, par là même, de rendre à des individus trop vite oubliés leur humanité.
De la musique de scène en forme de mélodrame, à la performance virtuose d’acteur avec musique : cette soirée composée en deux temps met en lien L’Histoire du Soldat de Stravinsky (1920) – interprétée par les solistes de la Kammerata Luxembourg avec le comédien Luc Schiltz comme récitant – avec le monodrame Monocle, portrait de S. von Harden, performance du même acteur dans une incarnation électrisante de l’icône féminine Sylvia von Harden, immortalisée par le peintre allemand Otto Dix en 1926. Un voyage dans le temps où l’entre-deux-guerres laisse entrevoir l’espoir, la fête et des mystères annonçant des heures sombres.
La compagnie de ciné-spectacle La Cordonnerie – qui crée en direct les dialogues, les bruitages et la musique de ses films – s’empare de l’oeuvre célèbre de Cervantes. Elle propulse les deux protagonistes de l’épopée ibérique sur les routes de Picardie, entre éoliennes et champs de betteraves. Le personnage romanesque est ici Michel Alonso, modeste bibliothécaire en passe d’achever la saisie informatique des ouvrages quand s’annonce le redouté bogue de l’an 2000. À trop craindre la panne du siècle, il va en perdre les pédales. Et tout comme le « génial Hidalgo », notre humble héros se met à errer à califourchon entre réel et imaginaire, accompagné de l’agent d’entretien Jérôme en guise de fidèle Sancho. Les deux pieds dans une réalité morose et en mal d’utopie, il va fantasmer un monde de chevalerie visible de lui seul.
Retrouvez les artistes à l’issue de la 1ère représentation (15′).
La compagnie La Soupe met en scène la parole de poétesses afghanes, en prenant comme point d’ancrage l’immolation par le feu de la jeune Zarmina. Sur scène, deux comédiennes-marionnettistes et un contrebassiste mènent une enquête à l’aide de cahiers, de vidéos, d’articles de presse et de témoignages enregistrés. Ils recomposent le cheminement fatal de cette adolescente dont le seul tort, aux yeux de sa famille et de la tradition afghane, aura été d’écrire des poèmes. Ses rêves, ses désirs et sa révolte sont incarnés par les mots – retranscrits lors de longs entretiens téléphoniques – des femmes du Mirman Baheer, le cercle poétique féminin de Kaboul. Je hurle témoigne de cette lutte sur le papier. Il se présente comme un cri poétique faisant résonner le long silence et le courage des femmes d’Afghanistan. Ou d’ailleurs.
Retrouvez les artistes à l’issue de la représentation (15′).
12 juin 2019 | martinepaul |
L’écrivain et transfuge social Édouard Louis raconte un viol vécu. Un soir de décembre à Paris, la relation sexuelle et l’échange amical qu’il entretient avec Reda, fils d’immigré algérien, tournent au drame. L’écrivain porte plainte. Un an plus tard, il se confie à sa soeur Clara et caché derrière la porte, il l’écoute raconter l’histoire à son mari. Laurent Hatat et Emma Gustafsson s’emparent de cette situation comme point de départ d’un spectacle voulu à l’image du roman : sans concession ni pudeur. Du roman au théâtre, la force du texte se sublime en une lutte des corps exposés dans toute leurs fragilité et splendeur, pour tenter de comprendre ce qui s’est passé cette nuit-là et, par là même, esquisser une histoire de la violence.
Un univers digne de celui des Deschiens. Trou perdu dans les années 60 : Robert, la cinquantaine, passe le plus clair de son temps enfermé dans son garage où il tente de mettre au point une machine à téléportation. Cet homme dégarni et bedonnant reçoit le soutien indéfectible de sa maman Odette, chez qui il crèche encore. La relation mère-fils est inquiétante et désopilante (un clin d’oeil à l’épisode « La soucoupe et le perroquet » de l’émission Strip-tease à voir ici). Robert réussit à se téléporter au fil d’expériences plus ou moins réussies mais, comme dans le célèbre film de Cronenberg, une mouche va se glisser dans la machine et l’apprenti scientifique va peu à peu se transformer en insecte géant… Travail corporel, effets spéciaux et esthétique des premiers temps de l’informatique quand toute invention semblait encore possible, ce spectacle va en piquer plus d’un !
> TEASER
Coupe afro et lunettes rondes à la John Lennon, jeans à patte d’éléphant, chemisier à fleurs… la pièce emblématique Les Fourberies de Scapin passe à travers le filtre de mai 68 et de ses slogans indélébiles. Les puristes reconnaîtront la fougue des jeunes Octave et Léandre, les envolées des patriarches Arcante et Géronte ainsi que les malices d’un certain Scapin, dans un texte respecté à la virgule près. Mais la mise en scène, elle, est parfaitement endiablée et haute en couleur. Quand le rideau se lève, les pères sont en voyage et les fils rêvent d’amour libre et sans contraintes. La panique s’installe à l’annonce du retour précipité des géniteurs. Et face au projet de mariage arrangé qui se profile, les stratagèmes de Scapin ne seront pas de trop pour contrecarrer – ou pas – les plans paternels. Trois siècles et un grand mouvement estudiantin plus tard, le comique d’un Molière travesti en mode Flower Power n’est jamais paru aussi drôle et spirituel.
Une demi-heure avant la représentation, les artistes proposent un mini-concert sixties façon Woodstock !
6 juin 2019 | martinepaul |
Une petite orpheline n’arrive à pas effacer le souvenir de sa maman, au grand dam de la femme acariâtre qui la recueille sous son toit. Attirée par le rouge, couleur fétiche de sa mère disparue, l’enfant reçoit un jour d’un étrange marchand une paire de souliers rouges aux pouvoirs extraordinaires. Du conte traditionnel de Christian Andersen, la trame demeure : une marâtre abominable, une enfant malheureuse, des souliers magiques, une danse endiablée et un règlement de compte… à la hache ! Mais l’auteure et comédienne Aurélie Namur en détourne la signification pour donner au récit une couleur joyeuse et contemporaine. La tragédie originelle s’émancipe en un comique libérateur et la petite fille, promise à une fin terrible, passe de victime absolue à maîtresse de son destin.
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